lundi 22 février 2010

citation

"Inutile de se cacher la vérité. Je ne réagis plus comme avant. Maintenant, je pleure mal. Quelque chose a changé en moi autant qu'ailleurs. Les rues se sont vidées, il n'y a presque plus personne dans les villes, et encore moins dans les campagnes, les forêts. Le ciel s'est éclairci, mais il reste terne. La pestilence des grands charnier a été lavée par plusieurs années de vent ininterrompu Certains spectacles m'affligent encore. D'autres, non. Certaines morts. D'autres, non. J'ai l'air d'être au bord du sanglot, mais rien ne vient.
Il faut que j'aille chez le régleur de larmes.
Les soirs de tristesse, je me replie devant un morceau de fenêtre. Le miroir est imparfait, il me renvoie une image assombrie qu'un peu de saumure trouble encore. Je nettoie la vitre,, mes yeux. Je vois ma tête, cette boule approximative, ce masque que la survi a rendu cartoneux, avec une houppe de cheveux qui a survécu, elle aussi, on se demande pourquoi. Je ne supporte plus guère de me regarder en face. Alors je me tourne vers des détails qui se situent dans le noir de la chambre: les meubles, le fauteuil sur quoi j'ai passé l'après-midi à attendre en songeant à toi, [...]."

-Antoine Volodine, Des Anges mineurs.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire