**autobiographique**

Des fois être une enfant coincée dans le corps d'une grande personne c'est vraiment chiant. Mais pourquoi personne ne m'a jamais demandé si je voulais être une adulte, non mais c'est vrai est-ce que je peux au moins avoir le libre arbitre de ma vie me semble et si je décide de rejetter le fait que je sois une adulte alors il se passerait quoi? Je veux avoir encore 17 ans et me soucier de rien, pas même des ronds du poêles et des comptes à payer. Ne pas faire ma vaisselle et en acheter de la nouvelle quand il n'y a plus rien de propre. Porter des vêtements que je n'ai pas choisi moi-même, que mes parents ont acheté pour moi même si ca veut dire porter du croteau, parce que je pourrais dire: c'est pas ma faute.

Non mais c'est vrai bordel, c'est écrit où que je devrais me complaire dans un rôle d'adulte et devoir assumer tout ce qui va avec? Et si j'ai pas envie, moi, d'arrêter d'étudier et d'intégrer le marché du travail, si je n'ai aucune envie d'ouvrir les comptes que je recois et encore moins envie de les payer.

Si j'ai envie d'etre amoureuse comme une ado attardée et de me complaire dans mon irréalité, de ne pas être complètement blasée et désilusionnée. De me retrouver 20 ans en arrière et encore regarder mes parents ensemble et croire profondément qu'ils sont heureux et que l'amour éternelle existe ailleurs que dans les films?

J'ai envie de grimper dans un arbre et de déchirer mes jeans. D'avoir les genoux pleins de scratch, les cheveux tout défait, de ne pas encore avoir besoin de déodorant. De glisser au 2e but en jouant au baseball, de voler le troisième but et d'attendre que le receveur fasse l'erreur de relayer au deuxième pour pouvoir voler le marbre et marquer le point gagnant. J'ai envie d'enfourcher mon vélo comme si c'était un cheval, de mettre des cartes de hockey dans les roues pour faire le bruit de la moto que je n'ai pas. J'ai envie de passer l'après midi complet a jouer dans le bois, à se faire croire à un monde imaginaire et irréel où les fées côtoient Bambi pis que sa mère crève pas à la fin parce que les enfants ont pas besoin de savoir qu'on meurt à la fin.

J'ai envie de sauter dans un lac alors que les glaces sont à peine fondues, même si ca veut dire avoir les lèvres bleues et attraper un coup de mort parce qu'il y aurait certainement quelqu'un pour me faire boire du néocitran, me mettre une couverture autour des épaules et me dire: je te l'avais bien dit.

J'ai envie de jouer avec Fais de l'air Fred (mon premier chien) dans la neige, lui lancer des balles de neiges tandis que Démonne grignotte quelque chose qui traine par là. J'ai envie d'un pneu accroché dans un arbre comme balancoire, ou de la balancoir qu'il y avait au bout du balcon dans la maison où j'ai grandi. Me balancer très haut et faire des concours de saut en longueur au risque de me casser une jambe. J'ai envie de faire geler mes bobos dans le congelateur jusqu'à ce que le mal s'estompe.

J'ai envie qu'une tylénol au raisin soit une drogue contrôlée aussi cool que la coke que je m'envoie dans le nez. J'ai envie que le tracteur a gazon soit une formule 1 et non pas une corvée que je DOIVE faire.

J'ai envie de courir avec des ciseaux dans les mains sans savoir que c'est dangereux, manger des guimauves brûlées et trouver ca bon. Avoir une cabanne dans un arbre où je pourrais cacher mes Archie's comic book, ne pas lire l'anglais mais trouver ca cool de dire le titre en anglais.

J'ai envie de déjeuner au Mimosa avec une fondue au chocolat et des tonnes de fraises, mais ça, c'est déjà trop adulte. Faudrait changer ça pour des gaufres au sirop avec des fruits.

J'ai envie de chanter Trois p'tit chats, d'écouter passe-partout avant d'aller prendre mon bain et d'avoir tout un royaume de jouets qui flottent, rester dans l'eau jusqu'à ce qu'elle soit froide et remettre de l'eau chaude pour ne pas aller me coucher tout de suite.

Mais à la place, je parle avec mon blog, en sirotant un verre d'absinthe et je me dis que demain, peut-être, ca ira mieux. Que c'est surement une histoire de manque de soleil, de blues de l'hiver, qu'au pire il doit exister une pillule pour faire passer ça, une infusion de quelque chose ou peut-etre dans le rayon homéopathique. Au pire je pourrai toujours me prendre un rendez-vous à la clinique la plus proche et convaincre quelqu'un que je suis en dépression, me faire médicamenter jusqu'à oublier mon nom, mes comptes à payer, mes 20 000$ de dette. Ou sauter les plombs et réaliser un vieux rêve que je caresse impudiquement: me rendre à l'aéroport avec DÉmonne et prendre le prochain vol disponible et refaire ma vie dnas ce coin là du monde en espérant que ce soit au soleil où il y a de grosses vagues pour surfer ma vie, des nights clubs où danser ma vie. Peut-être que si j'étais plus bohème, je serais moins adulte.