mardi 27 avril 2010

écrire le bonheur, est-ce encore possible?

Aujourd'hui, j'ai eu une journée de merde. Vraiment. Je me suis levée, et une tempête de neige me tombait sur la tête, en cette fin de mois d'avril. Je sais, selon le proverbe, mieux vaut ne pas se découvrir d'un fil, mais malgré tout, j'aime porter des camisoles et changer un tant soit peu de couleur. Ainsi, ma journée commençait des plus mal. Envoie les chiens dehors qui reviennent les pattes couvertes de bouettes. Rien pour agrémenter ma joie de vivre.

Plusieurs heures passent et, soudainement, il est temps de me rendre à l'école. Aucun doute que je ne prendrais pas mes roller aujourd'hui. Cherche mon porte-feuille pour me rendre compte que je l'ai encore une fois perdue (c'est à se demander où aie-je la tête ces dernières semaines.. On dirait que je me découvre un étrange déficite d'attention). Je trouve un moyen de me rendre à l'école et, en arrivant, nous apprenons que le prof n'est pas là. Attendons 2 heures un remplacant dans la café, la soirée ne va pas bien, les machines font chier, etc etc... Bref, nous comprenons tout de suite que le lecteur vit, en ce moment même, une satisfaction. Par procuration, il vit la journée de merde que je viens de vivre et se sens aussitôt plus heureux de sa condition.

Vers 17 heures, comme le prof de remplacement n'est toujours pas arrivé, j'appelle la cause de mon déficite d'attention histoire de savoir si, par hasard, elle aurait envie que l'on soupe ensemble. Moment de joie. Alors, c'est à ce moment que le lecteur décroche, car le bonheur c'est un peu ringard par les temps qui courent. De fil en aiguille, on jase de tout et de rien, finalement le prof arrive (bande d'avares, vous êtes contents que mes plans aient tombés à l'eau, avouez!).

***

Aujourd'hui, j'ai lu un livre d'Alessandro Baricco que j'ai adoré. C'était mon coup de coeur du jour. Nous nous sommes mises à discuter de l'éventuelle possibilité de traiter du bonheur via une oeuvre littéraire et ce, sans être dans le cliché le plus absurde. Est-ce que le bonheur est toujours "in"? En fait, je crois qu'il ne l'a jamais été.

Sur ce, je vais aller dormir un brin car j'ai rendez-vous pour une visite de l'exposition de Diane Dufresne demain matin. Je continuerai donc de vous entretenir de mon actuelle interrogation demain soir: est-il possible de parler du bonheur sans être complètement cliché, quétaine ou vulgaire?

Oui, d'accord, j'ai dit vulgaire. Je dis vulgaire, car lorsque je songe au bonheur, je pense à la fontaine de jouvance de ses lèvres contre ma bouche, de sa respiration saccadée et des tremblements de son corps contre mes mains. De sa respiration rapide contre la peau de mon cou, de mes dents qui se referment contre son cou. De mon nez qui remonte la courbe de ses hanches pour s'abreuver de son parfum.

Je dis vulgaire, car je n'arrive pas à dire beau. "L'étrange est la forme que prend le beau lorsque le beau est impossible." (A. Volodine). Oui, tout ça est étrange. Je ne pourrais pas dire vulgaire si je parlais d'elle. Mais je pourrais, sans doute, parler d'étrangeté, et peut-être, éventuellement, de bonheur. Mais comme les lecteurs ne parviennent toujours pas à faire la part des choses entre le littéraire et la réalité, entre Je et Je qui est un autre, je m'arrêterai sur ces mots de vous abreuver de la fontaine suave de vos désirs les plus inespérés.

Est-ce que je parlais de toi? Heum... Je ne sais pas qui me lit, au fond...

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