jeudi 24 décembre 2009

Charlie Brown

En fait, quand j'étais petite, je disais comme Charlie Brown: je ne comprends pas l'esprit de Noël, je ne vois qu'une grosse fête commerciale. Lorsque j'ai grandi, mon discours s'est modifié: Noël, c'est pour les autres. Je me sentais tellement libre le premier Noël où je n'ai pas pu me rendre aux mondalités absurdes du temps des fêtes. Je travaillais, j'étais une grande personne qui n'avait plus le temps de célbrer Noël à 17 ans. La première année, je me sentais libre. La seconde, je me sentais vraiment cool. Ensuite, j'y ai pris goût. Je vivais enfin ma conception parfaite de Noël. J'adorais mon boulot, j'étais amie avec l'ensemble de mes collègues. Enfin, je célébrais noël avec les gens qui partageaient vraiment ma vie.

J'ai eu, pendant 5 ans, le job le plus merveilleux du monde. Je travaillais dans un centre d'urgence vétérinaire. Le plus gros du Québec. Je n'étais pas la seule à être heureuse d'y passer mon temps des fêtes. Travailler dans ce centre, c'était comme vivre en autarsie: il y avait les DMViens, et le reste des mortels.

Passons. Désormais, je ne suis plus une membre de personnel médical, je devrais être entrain de célébrer avec les lambeaux de famille qu'il me reste. Pourtant, je n'ai aucune envie de célébrer ce soir. Célébrer quoi? La période des fêtes? L'hypocrisie générale? Je n'ai aucune envie de m'habiller comme quelqu'un que je ne suis pas pour passer une soirée ennuyeuse avec des gens que je ne connais pas.

Noël, la belle fête chrétienne! Est-ce qu'on peut s'entendre sur certains faits? Nietzsche l'a dit plus d'une fois: Dieu est mort. Et si vous y croyez encore, je suis vraiment envieuse. Mais ce qui me pose le principal problème éthique, c'est la question de l'institution. Aujourd'hui, le père Noël (pas celui de Val-David) va parcourir 5 800 km par seconde avec de desservire 2 millards 500 millions de maisons de morons.

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Ce soir, il y aura 2 millars 500 millions de personnes qui vont s'offrir des cadeaux Il y a, en ce moment, Passe-Partout qui chante: "D'où viens-tu bergère, d'où viens-tu?" à la télévision. Non, ce soir, je n'ai pas envie de célébrer l'institution. Nous voyons ici l'évolution de ma pensé au fil des années. Quand j'avais 14 ou 15 ans, je pestais contre les vilains capitalistes. Désormais, je peste contre l'ensemble de l'institution chrétienne.

Non, je n'ai aucune envie d'aller célébrer dans un cadre religieux le représentant de Dieu qui déclâme à qui veut l'entendre que le condom propage le VIH en Afrique. Je n'ai aucune envie d'allumer le sapin qui traine dans mon salon. Je n'ai aucune envie de manger de la dinde, des tourtières et patates pilées en poudre reconstituées (merci patates Sheriff!). Non, je n'ai aucune envie d'aller célébrer la naissance du bâtard au nom duquel ils ont brulé des sorcières. Non, je n'a aucune envie d'aller célébrer au nom d'une religion qui résigne les femmes dans leurs cuisines, à des rôles de procréatrices en séries, des vaches laitières de la campagne. Ce soir, je n'ai pas envie de célébrer l'expansion mégalomane des hommes avides de pouvoir. Ce soir, je n'ai pas envie d'endosser le poids des bêtises humaines faites au nom de Dieu. Duquel? Le vrai, le bon, le seul.

C'est complètement absurde comme situation et le gouvernement, avec ses imbécils d'accomodements raisonables, n'arrange rien. Si je célébrais Noël, je le ferais d'une façon, comment dire... D'une façon culturelle. Je suis Québécoise et j'en suis fière. Être québécoise, c'est connaître et comprendre son passé fondamentalement catholique et pratiquant. Être québécoise, c'est savoir que Duplessis a manipulé les églises et les a complètement dénaturée. Oui, être québécoise c'est chanté Gens du Pays le 24 juillet, mais c'est aussi, selon moi, célébrer cette sacré sainte fête de Noël avec du ragout de patte, des chanson grivoises, un immense sapin. C'est aller donner les restants du banquets aux itinérants, divertir les enfants, avoir quelque chose à se dire. C'est danser des rigodons dans la cuisine, se coucher aux petites heures du matin, être heureux en ouvrant nos cadeaux qu'on se fait en se connaissant et en en sachant ce que les autres veulent parce qu'on les connait.

Ce soir, je me saoule avec mon chien, parce que cette fête dont nous allons taire le nom jusqu'à l'an prochain (Dieu merci! Ça n'arrive qu'une seule fois par année!), m'embête.

Je crois que je vais devoir envoyer un email haineux aux producteurs de calendrier en chocolat: faites ce fichus calendrier du 15 décembre au 15 janvier: le décompte avant le retour à la vie normale.

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