samedi 6 novembre 2010

une pince au bout des bras

Aujourd’hui, j’ai tué cinq chiens et sept chats. À onze reprises, mes mains ont effectué le même mouvement : entre le pouce et l’index, sortir la seringue de son emballage, puis retirer le capuchon qui recouvre l’aiguille avant de la plonger dans un liquide jaunâtre. Avec le petit doigt, faire descendre le piston et laisser le liquide jaune monter dans le tube gradué. Poser la seringue sur le comptoir et, avec un léger mouvement vers le haut, déclencher le mécanisme de la porte retenant le gros chat roux prisonnier. Écrasé au fond de sa cage, les oreilles en arrière, il crachait et donnait des coups de pattes auxquelles un propriétaire bienveillant avait fait amputer chacune des phalanges. J’ai plongé mes bras dans la cage : la main gauche est venu le saisir au cou, juste derrière les mâchoires et la main droite l’a écrasé contre le fond glacé de sa prison. Il s’est débattu. J’ai gagné. Il avait la tête écrasée contre le comptoir tandis que je passais mon index le long de sa colonne pour trouver un muscle. J’ai enfoncé mon aiguille juste au dessus de mon doigt. J’ai laissé descendre dans son muscle mon cocktail médicamenteux en pressant le piston du pouce droit. Il se débattait pour se sauver d’une sensation de brûlure provoquée par la Kétamine. Ma main droite est revenue le chercher à la base du cou et d’une seule main je l’ai remis dans sa cage dont j’ai poussé la grille du coude gauche.

Je lui laissais cinq minutes avant de le terminer : le temps que son médicament fasse effet, le temps qu’il ne se rende plus compte que j’allais lui injecter un barbiturique dans les veines pour faire arrêter son cœur de battre. Cinq minutes pour qu’il ne réalise plus qu’il pourrait m’expédier à l’hôpital en choc septique, les mains suintantes de bactéries buccales tentant inutilement de survivre à une histoire signée et payée à la réception il y a plusieurs minutes. Cinq minutes pour qu’il ne réalise jamais ce qui nous différencie, lui terrorisé au fond de sa cage et moi, blasée de mon travail comme un nazis à l’entrée d’une chambre à gaz : moi, j’ai des mains qui peuvent servire de pince lorsque j’approche le pouce et l’index l’un de l’autre.

***

C'est ce qui passe dans la tête des gens lorsqu'ils tuent les animaux que vous aportez dans des cliniques et que vous refusez d'assister a leurs morts, trop sensibles que vous êtes pour être confortables avec vos consciences d'euthanasier des animaux en parfaite santée parce que vous déménagez.

Si ce que j'écris sur mon Facebook se ramsse dans le bureau de mes boss, j'ose au moins espérer que je peux envoyer se faire foutre qui je veux sur mon blog! Mon blog anonyme, précisons-le!

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